La confusion des sentiments, par Renaud Lambert (Le Monde diplomatique, novembre 2016)
Le 13 octobre 2016, un éditorial du Monde (« Dépression nationale ») chapitre les Français, « d’insondables pessimistes, des dépressifs lourds, d’incurables anxieux, des masochistes majuscules ». Leur tort ? Imaginer « que les inégalités ont augmenté depuis cinq ans », « que leur situation sociale est moins enviable que celle de leurs parents » et, comble du saugrenu, « que la lutte des classes est une évidence »,
énumère plus loin le quotidien. S’appuyant sur une étude de France
Stratégie (un think tank gouvernemental) datée d’août 2016, il balaie le
« sentiment de déclassement » des ingrats hexagonaux : « La France est en effet un des pays les moins inégalitaires au regard de ses voisins européens ou des États-Unis. »
