José Bové
"EU Corporate": La puissance publique européenne abdique. Aux multinationales d'ouvrir le bal.
Le groupe des Verts-ALE a voté contre le rapport de la libérale
Frédérique Ries sur la nouvelle procédure d'autorisation des organismes
génétiquement modifiés dans l'UE. Suite à l'adoption du rapport par le
parlement européen, José Bové, membre de la Commission
agriculture-développement rural et de la délégation UE-USA, a déclaré:
"Avec cette procédure de renationalisation des autorisations des OGM,
l'Union européenne jette l'éponge pour laisser aux Etats la possibilité
théorique de négocier directement avec les compagnies leur opposition à
l'introduction d'OGMs sur leur territoire. La Commission européenne
renonce par-là à ses fonctions de défense de l'intérêt général et lui
préfère une Europe des OGMs à la carte.
Plus grave encore, en
donnant l'impression de redorer le blason de la subsidiarité et de la
souveraineté nationale, cette nouvelle procédure institutionnalise le
rôle des multinationales.
Chaque Etat devra donc leur signifier son
intention d'interdire les ogms qu'elles veulent lui vendre et obtenir
leur accord pour être légitimé à ne pas suivre la décision
d'autorisation qui sera donnée par la Commission. L'intérêt général,
les règles pour la cohabitation des cultures, l'évaluation des risques
et la santé publique, autant de questions reléguées au second plan.
Enfin, aucune garantie juridique n'est donnée aux Etats "récalcitrants"
dont la décision "souveraine" déplairait aux compagnies qui
entameraient alors une procédure devant un tribunal arbitral ou devant
l'OMC. La décision d'aujourd'hui colle donc à l'esprit du temps. Celui
de puissances publiques qui non seulement ne cherchent plus à réguler
mais se lient également les mains au profit des intérêts privés. Une
démission politique qui résonne avec ce que nous rencontrons
actuellement dans le cadre des négociations transatlantiques. En
particulier sur les Cours privées d'arbitrage entre Etats et compagnies
qui court-circuitent les tribunaux et minent toujours plus les Etats
dans leurs fonctions régaliennes.
Beaucoup pensent que l'Europe est
impuissante. Force est de reconnaître qu'en tout cas l'UE dans son
ensemble et les Etats individuellement y travaillent méthodiquement."