miércoles, 24 de junio de 2015

José Bové -- député européen --

Espionnage par la NSA : la France doit réagir. Voici 3 leçons à tirer de ce scandale

L'ampleur des écoutes américaines opérées par la NSA depuis au moins 10 ans et révélée par Mediapart et "Libération" grâce à Wikileaks était bien entendu un secret de Polichinelle. L'ensemble de la classe politique française s'indigne depuis mardi soir et François Hollande convoque ce mercredi un conseil de défense pour tenter de montrer que la République est aux manettes et ne va pas se laisser faire.
Mais toute cette agitation assez théâtralisée face à un comportement scandaleux des États-Unis, qui ont écouté sans vergogne les trois derniers chefs d'États français, y compris dans leurs échanges privés, mais également des ministres, des hauts fonctionnaires, des parlementaires et des diplomates, ne semble pour l'instant pas entraîner les réponses concrètes les plus pertinentes.
Il y a pourtant trois leçons très claires à tirer de cette séquence que non seulement les autorités françaises, mais bien au delà toute l'Union européenne devraient dès à présent envisager sans détour.

1. Suspendons les négociations autour du TTIP

Tout d'abord, les Américains, s'ils sont réellement des amis ou tout du moins des "alliés", n'avaient absolument aucune raison valable de nous espionner de la sorte durant au moins 10 ans. Or malgré les engagements réitérés notamment du président Obama, on redécouvre aujourd'hui que nous n'avons aucune garantie concrète qu'ils aient réellement cessé ce type de pratique lamentable.
La première leçon de ce scandale est donc la nécessité de remettre sur la table l'ensemble de nos relations avec les États-Unis, et en premier lieu l'accord de partenariat transatlantique (le si controversé TTIP) discuté actuellement entre l'UE et Washington.
Il apparaît totalement impossible de continuer à mener des négociations sur ce traité, susceptible de remettre en cause une bonne partie de notre normes, avec un "partenaire" en lequel nous ne pouvons absolument pas avoir confiance. Les raisons de stopper ces négociations étaient d'ores et déjà nombreuses. Là la coupe est pleine.
Alors ne rajoutons pas de la couardise et de la lâcheté à l'humiliation collective. Soyons fermes et montrons-nous dignes d'une certaine idée et de la France et de l'Europe en disant dès aujourd'hui : "Nous suspendons totalement les négociations autour du TTIP".

2. Refusons de copier les pratiques a-démocratiques des USA
La deuxième leçon à tirer de ce scandale est que si nous trouvons ces écoutes américaines totalement scandaleuses, nous ne pouvons donc absolument pas copier leurs pratiques. Hasard du calendrier, le projet de loi français sur le renseignement tant décrié notamment par toutes les organisations de défense des libertés publiques revient sur la table de l'Assemblée aujourd'hui.
Alors que nous nous indignons à juste titre du Big Brother américain, notre parlement accepterait le jour même de valider un Little Brother français ? La protection des données et de la vie privée sont des valeurs intrinsèques et non négociables de nos démocraties. Si au nom de la sécurité nous commençons à renier sur nos libertés, ce sont tous les terroristes qui auront gagné.
Là encore, il y avait déjà d'excellentes raisons de s'opposer à ce projet de loi sur le renseignement. Aujourd'hui, le scandale des écoutes américaines nous oblige à refuser de copier leurs pratiques a-démocratiques.

3. Protégeons les "lanceurs d'alerte"

Enfin, la dernière leçon à tirer de tout cela, essentielle, est la nécessaire protection des lanceurs d'alerte. C'est grâce aux révélations de Wikileaks et de personnalités telles que Julian Assange ou encore Edward Snowden, relayées par des médias responsables, qu'aujourd'hui le grand public est au courant de ces écoutes américaines.
Dans tout un tas d'affaires ayant récemment défrayé la chronique, Wikileaks, Swissleaks, Luxleaks, c'est grâce à des individus courageux ayant décidé de transgresser les règles et le droit positif au nom d'une certaine idée de l'intérêt général que des pratiques scandaleuses (espionnage à grande échelle, fraudes fiscales industrielles, blanchiment d'argent organisé par les États eux-mêmes...) ont pu être mises à jour.
Ceux que l'on nomme les "lanceurs d'alerte", nouveaux héros de notre époque, prennent des risques inouïs et se retrouvent bien souvent seuls contre tous, les grandes firmes multinationales et les États jaloux et bien décidés à ne pas partager leurs "secrets". Ils doivent donc absolument être protégés pour pouvoir continuer de dénoncer un certain nombre de pratiques au nom de l'intérêt général.

C'est pourquoi nous demandons à nouveau à la Commission européenne, qui n'a pour l'instant pas prévu d'agir en la matière, de mettre à l'agenda de l'UE un texte prévoyant la protection européenne de tous les lanceurs d'alerte.
Pour qu'Edward Snowden, Stéphanie Gibaud, Hervé Falciani, Irène Frachon, Julian Assange et tous les actuels et futurs lanceurs d'alerte de leur trempe puissent continuer à révéler ce type de scandales qui doivent être connus du grand public afin que le terme même de "démocratie" puisse encore avoir un sens, il faut qu'ils soient protégés par nos institutions, et non inquiétés, poursuivis et précarisés comme trop d'entre eux le sont aujourd'hui.

Tribune de Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Karima Delli, Pascal Durand, Eva Joly et José Bové, membres de la délégation Europe Ecologie au Parlement européen

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NSA Spying: France must react. Here are three lessons from this scandal


The extent of American plays made by the NSA for at least 10 years and revealed by Mediapart and "Liberation" with WikiLeaks was of course an open secret. The entire French political class is indignant since Tuesday evening, Hollande convene this Wednesday a defense counsel in an attempt to show that the Republic is in control and will not let them. But all the fuss
enough theatrical face outrageous behavior of the United States, who listened shamelessly the last three French heads of states, including in their private exchanges, but also ministers, senior government officials, parliamentarians and diplomats, seems to far not lead the most relevant concrete answers.
There Yet three very clear lessons to be learned from this sequence that not only the French, but far beyond the whole European Union should now consider without detour.
1. Suspend negotiations on the TTIP
First, the Americans, if they are really friends or at least "allies" had absolutely no valid reason to spy on us in this way during at least 10 years. Yet despite repeated commitments including President Obama, today we rediscover that we have no concrete guarantee that they actually stopped such lamentable practice.
The first lesson of this scandal is the need to put on the table all of our relations with the United States, and primarily the transatlantic partnership agreement (the controversial TTIP) currently being discussed between the EU and Washington.
It seems totally impossible to continue conduct negotiations on the treaty, which could call into question much of our standards, with a "partner" in which we can absolutely trust. Reasons to stop these negotiations were already numerous. Once the cup is full.
So do not add any cowardice and cowardice to collective humiliation. Let us be firm and show ourselves worthy of a certain idea and France and Europe today, saying: "We fully suspend negotiations on the TTIP"
2.. Refuse to copy the practices of the US-democratic
The second lesson from this scandal is that if we find this completely outrageous American plays, we can not absolutely not copy their practices. By coincidence, the French bill on intelligence including much maligned by all civil liberties organizations back on the table of the Assembly today.
As we rightly indignant Big Brother US, our parliament would accept the same day to validate a French Little Brother? Data protection and privacy are intrinsic and non-negotiable values ​​of our democracies. If the name of security we begin to deny our freedoms, they are all terrorists have won.
Again, there were already good reasons to oppose the bill on intelligence. Today, the scandal plays American forces us to refuse to copy their practices-democratic.
3. Protecting the "whistleblowers"
The final lesson from all this essential is the need to protect whistleblowers. It is thanks to the revelations of Wikileaks and personalities such as Julian Assange or Edward Snowden, relayed by responsible media, now the general public is aware of these American plays.
In a lot of Business headlines recently, Wikileaks, Swissleaks, Luxleaks, thanks to courageous individuals who decided to break the rules and positive law in the name of a certain idea of ​​the public interest as scandalous practices (espionage large-scale, industrial tax evasion, money laundering organized by the States themselves ...) have been updated.
Those are called the "whistleblowers" new heroes our time taking incredible risks and often find themselves alone against all, large multinational firms and jealous states and determined to not share their "secrets". So they absolutely must be protected in order to continue to denounce a number of practices in the name of the general interest.
We therefore once again call on the European Commission, which has for the now not expected to act in the matter, to put on the agenda of the EU text providing for the protection of all European whistleblowers.
To Edward Snowden, Stephanie Gibaud, Hervé Falciani, Irene Frachon, Julian Assange and all present and future of their quenching whistleblowers can continue to reveal this type of scandals that have to be known to the public so that even the term "democracy" may still have meaning, it must be that they are protected by our institutions, not worried, prosecuted and insecure as too many of them are today.
Tribune Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Karima Delli, Pascal Durand, and Eva Joly José Bové, members of the Europe Ecologie in the European Parliament delegation