jueves, 15 de septiembre de 2016

Au Vietnam, l'agent orange tue encore, par Schofield Coryell (Le Monde diplomatique, mars 2002)

Au Vietnam, l'agent orange tue encore, par Schofield Coryell (Le Monde diplomatique, mars 2002)

 

Le grand mensonge des « guerres propres »

Au Vietnam, l’agent orange tue encore











par Schofield Coryell

Trente ans après, « les conséquences de la guerre chimique menée par les Etats-Unis sont toujours et partout visibles »,
explique Mme Nguyen Xuân Phuong, une Vietnamienne d’une cinquantaine
d’années, responsable en France d’un projet d’aide aux enfants victimes
des produits toxiques largués sur les forêts et les champs du Vietnam.
on voit encore dans les rues des villes et dans les campagnes des gens
mutilés - sans jambes, sans bras, aveugles, des corps tordus. Ces
problèmes sont en grande partie liés aux défoliants utilisés dans les
opérations militaires souvent qualifiées de « plus grande guerre écologique de l’histoire de l’humanité ».




Le but stratégique de ces opérations de « défoliage »
était de priver les guérillas vietnamiennes de leurs sources de
nourriture et de protéger les envahisseurs américains contre leurs
attaques. C’est la raison pour laquelle les énormes épandages de ces
poisons ont été concentrés dans les zones autour des bases américaines
et des aérodromes ainsi qu’à proximité des routes terrestres et
fluviales. Une des cibles principales a été la fameuse piste Hô Chi Minh
par laquelle munitions et armes ont été régulièrement acheminées du
nord vers le sud du Vietnam.




En octobre 1980, une commission officielle a été créée à Hô Chi
Minh-Ville (ex-Saïgon) pour en étudier les conséquences. Elle a pu
identifier toute une série de maladies et de symptômes provoqués par ces
herbicides qui détruisent des plantes mais aussi la vie et la santé des
habitants, en provoquant cancer des poumons et de la prostate, maladies
de la peau, du cerveau et des systèmes nerveux, respiratoire et
circulatoire, cécité, diverses anomalies à la naissance... Selon la
Croix-Rouge vietnamienne, beaucoup de ces maux sont dus à l’action
chimique du défoliant, appelé l’« agent orange »
parce que l’armée américaine l’avait stocké dans des tonneaux marqués
d’orange. Ses effets destructeurs viennent en grande partie de son
composant principal, la dioxine, l’un des produits toxiques les plus
puissants, qui perturbe (...)