Si, au début des années 1990, le président Mugabe et son parti ont mis
l'accent sur la redistribution des terres, c'était aussi pour tenter
d'enrayer le mécontentement croissant de
la population, suscité par la politique d'ajustement structurel adoptée
en 1991. Auparavant, le gouvernement avait développé une politique
sociale remarquable, dotant les régions rurales de routes, d'accès à
l'eau et à l'électricité, multipliant les écoles comme les cliniques,
atteignant un taux d'alphabétisation de 91 %. A l'époque, ces succès et
les bonnes relations avec la minorité blanche valurent à M. Mugabe les
éloges de la «communauté internationale», qui passa pratiquement sous
silence la répression d'une révolte dans le Matabeleland qui fit plus de
10 000 morts.