Les médias, gardiens de l'ordre social, par Gilles Balbastre et Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique)
«Comprenez-vous la grogne des cheminots ?», interroge le site d’un
hebdomadaire qui n’aime les mouvements sociaux que lorsqu’ils sont
impulsés par des patrons ; «Quelle galère !» et «Ça suffit !» titre à
deux jours d’intervalle un quotidien populaire ; «ils [les grévistes de
la SNCF] n’obtiendront rien de plus et ils auront perdu la bataille de
l’opinion, abîmant un peu plus l’image du syndicalisme», prévoit avec
assurance un quotidien de référence. Après le mouvement de mai-juin
2003, Gilles Balbastre et Pierre Rimbert avançaient l’hypothèse suivante
: serait-ce «la désillusion sans révolte née de la morne réalité de
leur travail qui inspire à tant de journalistes ce ressentiment envers
[ceux qui] se rebellent encore ?»