" Le Monde diplomatique ne risque ni d’être censuré par son actionnaire, ni de devoir être sauvé par un milliardaire. Essentiellement grâce à vous. "
Cela aurait pu se produire en France. En novembre dernier, le New York Times publiait une enquête sur l’état des médias espagnols. Un éditorialiste d’El País y confiait que les dettes accumulées par la presse créaient « une situation de dépendance qui portait un tort considérable au crédit des médias ».
Furieux, son rédacteur en chef lui a annoncé que, puisqu’il ne se
sentait pas vraiment libre vis-à-vis de l’actionnaire, il serait
licencié. Afin de pouvoir trouver, librement, un emploi ailleurs.
L’Association des éditeurs de presse espagnols a réagi en... fustigeant
l’article du quotidien américain, « caricature de la réalité de l’information en Espagne ». Cette association est présidée par le groupe Prisa, propriétaire d’El País.
Cela vient de se produire en France. Le quotidien L’Opinion,
au tirage confidentiel mais aux moyens importants (il dispose de l’appui
financier de M. Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, qui
possède déjà Les Echos et Le Parisien-Aujourd’hui en France),
vient d’apprendre une bonne nouvelle. Un autre milliardaire, M. Rupert
Murdoch, entend investir 2 millions d’euros dans sa petite entreprise « libérale, proeuropéenne, pro-business ». M. Murdoch détient notamment le Wall Street Journal et Fox News, deux des organes américains adorateurs du capitalisme et promoteurs de guerres.
Le Monde diplomatique ne risque ni d’être censuré par son actionnaire, ni de devoir être sauvé par un milliardaire. Essentiellement grâce à vous.
Serge Halimi