Elections en Catalogne en septembre : le nouveau défi des indépendantistes
Des élections régionales anticipées en Catalogne ont été convoquées pour le 27 septembre par son président Artur Mas , qui espère ainsi une sorte de feu vert en vue d'obtenir l'indépendance de cette région du nord-est de l'Espagne.
Le décret signé lundi se garde toutefois de toute référence à l'indépendance de la Catalogne à laquelle le gouvernement de Madrid est farouchement opposé.
Le président catalan, qui fait déjà l'objet d'une enquête pour avoir organisé en novembre dernier un référendum symbolique
-et interdit- où 80% des votants s'étaient prononcé pour
l'indépendance de la Catalogne, a assuré à l'avance que le décret serait
«juridiquement inattaquable». Mais «politiquement, les élections
constitueront un plébiscite pour la liberté et la souveraineté de la
Catalogne», a-t-il annoncé.
Après six mois de désaccords, le parti d'Artur Mas Convergence
démocratique de Catalogne (CDC, centre-droit) et le principal parti
d'opposition, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), dirigé par
Oriol Junqueras, ont finalement décidé vers le mi-juillet de s'unir pour
ces élections dont ils veulent faire un plébiscite sur l'indépendance.
Le 20 juillet, ils avaient menacé Madrid d'une séparation unilatérale.
La campagne débutera le 11 septembre journée de la Catalogne
Cette candidature unifiée, avec une liste menée par les dirigeantes des
associations à l'origine des manifestations en faveur de l'indépendance,
vise aussi à faire barrage aux anti-libéraux de Podemos, qui ont ravi en mai la ville de Barcelone.
La liste ne sera pas menée par Artur Mas, peu apprécié à gauche, mais
par Raul Romeva, ex-eurodéputé écolo-communiste, issu précisément d'une
des formations alliées à Podemos, parti opposé à l'indépendance mais qui
promet toutefois une nouvelle Constitution reconnaissant le droit de la
Catalogne à décider de son avenir. Avec l'appui du petit parti
anticapitaliste CUP, indépendantiste aussi, les formations de la liste
comptent obtenir la majorité absolue au parlement régional.
La campagne électorale s'ouvrira le 11 septembre, journée de la
Catalogne, avec une nouvelle manifestation d'envergure à Barcelone. Même
si les derniers sondages font apparaître que la majorité des Catalans
sont opposés à l'indépendance de leur région, Artur Mas et ses alliés
comptent grâce à la mobilisation de leurs partisans obtenir la majorité
absolue au parlement régional. Celle-ci suffit,selon eux, pour mettre en
œuvre leur projet de création d'un Etat indépendant, qui doit déboucher
en dix-huit mois sur l'adoption d'une Constitution.
Mas travaille à la création d'une administration parallèle
«Nous sommes préparés», répète Artur Mas. Depuis plusieurs mois, son
équipe travaille à la création d'une administration parallèle capable
d'assurer le fonctionnement d'un futur Etat. Fin juillet, le
gouvernement catalan a présenté son modèle d'administration fiscale en
cas de sécession, et donné son aval à un décret-loi facilitant la
transformation d'un institut de crédit public en une banque centrale de
Catalogne. Il a aussi renforcé son réseau diplomatique afin de gagner à
l'étranger des soutiens à sa cause.
Les institutions centrales rejettent fermement ces projets. «Il n'y aura
pas d'indépendance de la Catalogne», a affirmé le chef du gouvernement
conservateur Mariano Rajoy, tandis que le roi Felipe VI, le chef de
l'Etat, a rappelé à Barcelone le nécessaire respect de la loi «pour une
cohabitation démocratique en paix et dans la liberté». Plusieurs
ministres de Madrid ont même évoqué la possibilité d'utiliser l'article
155 de la Constitution espagnole, permettant de suspendre l'autonomie
d'une région, si elle viole le droit.
Les indépendantistes ont répondu que si l'on en arrivait à cette
extrémité, ils déclareraient d'emblée la sécession. «Il n'y a plus de
marche arrière», a assuré la tête de liste indépendantiste, Raul Romeva.