Violences et délire securitaire, par Claude Julien (Le Monde diplomatique, mai 1986)
Violences et délire securitaire
par Claude Julien, mai 1986
Zélateurs d’un ordre illusoire, ils rivalisent de promesses qu’ils savent ne pas pouvoir tenir et qui, s’ils les tenaient, ne porteraient pas les fruits annoncés. Naturellement désireux de se rendre populaires, ils espèrent y parvenir en rassurant une opinion qu’ils disent inquiète. Pour mieux atteindre ce noble objectif, ils doivent d’abord, cultiver un climat de peur, convaincre le public qu’il est à tout instant exposé à une agression. Ils ? On les trouve sur tous les bords de l’éventail politique. Voilà quatre ans déjà, M. Gaston Defferre, alors ministre de l’intérieur, ne mâchait pas ses mots lorsqu’il affirmait : « Nous souffrons d’un état d’insécurité qui n’est ni supportable ni admissible (1). »
A l’approche de l’échéance électorale, il convenait évidemment de faire mieux. Nul autre que le premier ministre ne s’en chargea, et l’on vit M. Laurent Fabius dire à M. Jacques Chirac, devant les caméras de télévision, qu’ils étaient décidément bien d’accord sur les problèmes de l’immigration et de la sécurité.