Au Venezuela, la tentation du coup de force, par Alexander Main (Le Monde diplomatique)
Au Venezuela, la tentation du coup de force, par Alexander Main (Le Monde diplomatique):
Les Vénézuéliens avaient sans doute de bonnes raisons d’exprimer leur mécontentement face à un pouvoir qui peine à transformer les structures profondes du pays (appareil productif, fiscalité…). Mais la contestation récente a été récupérée par une frange de l’opposition qui n’a qu’un objectif : renverser le président Nicolas Maduro, pourtant élu démocratiquement.
Une manifestation antigouvernementale à Caracas a vu la mort de trois
jeunes Vénézuéliens, le 12 février dernier. Cette journée sanglante a
marqué le début d’un déluge de reportages et d’éditoriaux aux titres
dramatiques : « La violence fait chanceler le Venezuela » (The Wall Street Journal, 12 février) ; « Le Venezuela en crise, c’est l’Ukraine de l’Amérique latine » (Le Figaro, 1er et 2 mars) ; « Les Vénézuéliens dans l’impasse du “chavisme” » (Le Monde, 12 mars).
L’administration américaine n’a pas tardé à rejoindre le chœur des
cassandres. Le 15 février 2014, le secrétaire d’Etat John Kerry
dénonçait des mesures gouvernementales « visant à inhiber la capacité des citoyens à exercer leur droit à protester de façon pacifique ». Le 13 mars, il accusa le président Nicolas Maduro de mener une « campagne de terreur »
contre son peuple. Pour ceux qui découvrent la situation à travers le
prisme des grands médias et des déclarations de Washington, il semble
qu’une jeunesse éprise de paix et de démocratie se heurte à la
répression brutale d’un Etat pétrolier dont les dirigeants ont perdu le
contact avec le peuple réel.