martes, 1 de abril de 2014

Au Venezuela, la tentation du coup de force, par Alexander Main (Le Monde diplomatique)

Au Venezuela, la tentation du coup de force, par Alexander Main (Le Monde diplomatique):



 Les Vénézuéliens avaient sans doute de bonnes raisons d’exprimer leur mécontentement face à un pouvoir qui peine à transformer les structures profondes du pays (appareil productif, fiscalité…). Mais la contestation récente a été récupérée par une frange de l’opposition qui n’a qu’un objectif : renverser le président Nicolas Maduro, pourtant élu démocratiquement.

 

Une manifestation antigouvernementale à Caracas a vu la mort de trois
jeunes Vénézuéliens, le 12 février dernier. Cette journée sanglante a
marqué le début d’un déluge de reportages et d’éditoriaux aux titres
dramatiques : « La violence fait chanceler le Venezuela » (The Wall Street Journal, 12 février) ; « Le Venezuela en crise, c’est l’Ukraine de l’Amérique latine » (Le Figaro, 1er et 2 mars) ; « Les Vénézuéliens dans l’impasse du “chavisme” » (Le Monde, 12 mars).




L’administration américaine n’a pas tardé à rejoindre le chœur des
cassandres. Le 15 février 2014, le secrétaire d’Etat John Kerry
dénonçait des mesures gouvernementales « visant à inhiber la capacité des citoyens à exercer leur droit à protester de façon pacifique ». Le 13 mars, il accusa le président Nicolas Maduro de mener une « campagne de terreur »
contre son peuple. Pour ceux qui découvrent la situation à travers le
prisme des grands médias et des déclarations de Washington, il semble
qu’une jeunesse éprise de paix et de démocratie se heurte à la
répression brutale d’un Etat pétrolier dont les dirigeants ont perdu le
contact avec le peuple réel.