lunes, 14 de abril de 2014

Du microcrédit aux « subprime » pour les pauvres, par Paul Lagneau-Ymonet et Philip Mader (Le Monde diplomatique)

Du microcrédit aux « subprime » pour les pauvres, par Paul Lagneau-Ymonet et Philip Mader (Le Monde diplomatique)



La tenue du Forum mondial Convergences vers un monde équitable et
durable au palais Brongniart, à Paris, du 17 au 19 septembre 2013, offre
l’occasion d’examiner l’un des dispositifs-phares mis en œuvre pour
répondre aux contradictions du capitalisme : la microfinance. L’octroi
de prêts et la mise à disposition de produits d’épargne ou d’assurance
permettraient aux plus démunis d’entreprendre afin de s’extraire de la
pauvreté. A des taux faramineux (30 % par an, voire plus) (1),
des individus ou des groupes de personnes sans garantie pourraient se
procurer de quoi développer une activité artisanale ou commerciale
susceptible de les sortir de l’ornière. Telle chiffonnière de l’Andhra
Pradesh, en Inde, a prospéré parce qu’elle avait pu acheter un chariot ;
un veuf des faubourgs d’Oulan-Bator, en Mongolie, a multiplié son
cheptel par plus de sept en moins de dix ans, et la vente du lait de ses
quarante-cinq vaches fait vivre sa famille… Les institutions de
microfinance ne sont pas avares en anecdotes édifiantes.




Parce qu’il assure, grâce à des actions palliatives, l’acquiescement
au monde tel qu’il est, ce système compte un nombre considérable de
prosélytes, notamment chez les politiques, les patrons, les
philanthropes et au sein des associations de lutte contre la pauvreté.
L’entrepreneuriat pour principe, le marché pour base, le capitalisme « équitable et durable » pour but : tel est leur credo, incarné par M. Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la paix en 2006 (2).