Selon Antonio Gramsci,
au cours des grandes crises du capitalisme, les institutions qui
dépendent du suffrage universel, comme les Parlements, passent au second
plan. A l’inverse, les circonstances consolident « la position relative
du pouvoir de la bureaucratie (civile et militaire), de la haute
finance, de l’Eglise, et en général de tous les organismes relativement
indépendants des fluctuations de l’opinion publique ». En temps normal,
toutes ces instances ne rechignent pas à laisser les institutions
démocratiques aux commandes. Ce n’est plus le cas en situation de crise :
d’une part, les contradictions inhérentes aux institutions légitimes
sur le plan électoral s’approfondissent, affaiblissant leur capacité à
prendre les décisions que requiert l’accélération du rythme de la
politique ; d’autre part, l’opinion publique fluctue considérablement,
menaçant de se tourner vers les solutions les plus radicales.
L'intellectuel italien nomme « césarisme » cette propension des régimes
démocratiques à manifester des penchants autoritaires en temps de crise.
(…) Les dynamiques actuellement à l’œuvre au sein de l’Union européenne
évoquent une forme de césarisme non pas militaire, mais financier et
bureaucratique. Entité politique à la souveraineté fragmentée, l’Europe
ne voit son unité garantie que par la bureaucratie bruxelloise et
l’immixtion structurelle de la finance internationale dans son
fonctionnement.
institutions that rely on universal suffrage, as Parliaments, are
secondary. Conversely, the circumstances consolidate "the relative
position of the power of the bureaucracy (civil and military), of high
finance, of the Church, and in general all relatively independent bodies
fluctuations of public opinion" . Normally, all these bodies do not
mind letting the democratic institutions in charge. This is not the case
in crisis: first, the contradictions inherent in the legitimate
institutions electorally deepened, weakening their ability to make
decisions that require the accelerated pace of policy; on the other
hand, public opinion fluctuates considerably, threatening to turn to the
more radical solutions.
The Italian intellectual calls "Caesarism"
this propensity of democracies to authoritarian tendencies manifest in
times of crisis. (...) The current dynamics at work within the European
Union evoke a form of Caesarism not military but financial and
bureaucratic. Political entity in the fragmented sovereignty, Europe
sees its unity guaranteed by the Brussels bureaucracy and structural
interference of international finance in its operation.